Critique d’art
Histoires des arts: Oeuvre choisi: « Girl with Ballon, red» de Banksy, 2018
Fiche technique
de l’oeuvre:
Artiste: Banksy
( véritable identité inconnue), titre de l’oeuvre: « Girl with ballon, red». la
technique employé par l’artiste pour réaliser ce graffiti est le pochoir,
format de la version mise aux enchères: non communiqué. Cette oeuvre datant de
2007 , elle est situé à Londres plus précisément à proximité du pont de
Waterloo à South Bank. De ce graffiti Banksy en réalisa une seconde oeuvre,
bien plus petit sur du papier. Cette déclinaison est mise en vente lors d’une
enchère en 2018, ce sera donc sur cette oeuvre que portera ma critique.
Critique:
Contexte: Nous
somme en 2018 dans la salle des enchères de l’Est Londonien.
Ce petit format
dans son cadre en bois attire les regards de la foule assistant aux enchères,
un peu comme une Joconde des temps moderne. Si l’artiste qui par ces pochoirs
donnât vie à ce graffiti, est comme Léonard de Vinci connu de tous, ce dernier
pourtant est considéré comme invisible, on ne sait à quoi il ressemble, qui il
est, seul son nom est connu: banksy. Cet anonymat a rendu visible ces graffiti,
a réussi à attirer l’intérêt du publique vers ces oeuvres. Revenons maintenant
à cette oeuvre que l’on pourrait qualifier de Banksyste, car la démarche
artistique de ce mystérieux inconnu est très militante ainsi que philosophique.
Cette petite fille au profil peu émotif, représente au-delà de l’apparence
physique, où pourrait s’arrêter un regard novice, l’espoir d’une enfant, d’une
petite réfugiée fuyant la guerre qui fait rage en Syrie. Cette thématique est
exprimée par la posture de la petite fille qui tend sa main pour rattraper un
ballon rouge en forme de cœur, qui suggère l’amour. Cette fillette au visage
fermé espère donc récupérer cet amour qui lui à été arraché par les atrocités
de la guerre. Ces dernières sont suggérées par la couleur noir de sa robe et
par les ombres sur son visage, qui lui a enlevé toute joie et sentiment. Mais
l’espoir anime encore et toujours son petit corps meurtri qui tend la main vers
cette couleur chaude qu’est ce ballon en forme de cœur. Elle espère récupérer
cette émotion qui s’envole et qui la quitte. L’artiste désire dénoncer à sa
façon les atrocités de cette guerre, cependant est-ce que ce message dans cette
salle où ont lieu les enchères, est parvenu à l’ensemble du public qui est
comme absorbé par celle ci ? Je ne le crois pas. Ce fût sûrement ce que pensa
Banksy, car, à quoi bon dénoncer, si le message n’est pas visible à l’ensemble
du public, mais seulement à son heureux propriétaire ? Banksy trouva la solution bien avant la mise
en enchère. A la fin de l’enchère tandis que l’oeuvre est finalement adjugé à
1,2 millions d’euros, stupéfaction du public ! Sous leurs yeux ébahis le génie
de Banksy entra en scène : la toile glissa de son cadre et fut à moitié
déchiquetée par ce dernier qui abritait une déchiqueteuse placée avec soin par
Banksy le provocateur. Cette action digne d’une pièce de théâtre, plongea le
public dans une atmosphère d’incompréhension et de stupéfaction. Par cet acte
Banksy casse les codes de l’art en auto-détruisant son œuvre, il espère marquer
le public, peut-être l’interroger sur la relation de l’art avec le monde des
finances. Mais au contraire, cette petite fille dont l’espoir et le corps est à
présent en lambeau et qui fût vendu à 1,2 millions d’euros voit sa valeur
tripler. Au grand regret de cet innovant Banksy, qui pensait faire un pied de
nez au marché de l’art, ce fût le contraire. En effet une fois l’œuvre
déchiquetée, la valeur de la toile, augmenta. De plus, le public s’interrogeait
plus sur le processus technique que sur le message de l’œuvre, avant et après
s’être fait déchiqueté . En effet suite à cette action la forme de la toile est
bien plus intéressant pour le public, tandis que son message en est effacé voir
remplacé par les théories concernant la raison de cette autodestruction.
Personnellement cette scène à laquelle, j’ai pu assister, nous montre que ce
n’est pas uniquement la forme qui compte, mais la démarche, le message que
véhicule l’œuvre.
En réalité en
bousculant cette enchère, Banksy affirme ces idées qui considèrent qu’une
oeuvre d’art ne doit pas être une marchandise, au contraire elle doit être
rendu et appartenir au public et non aux institutions telles que les salles des
enchères. Banksy qui est un street-artiste adhère à cette idée car lui-même a
vu ses œuvres se faire «dérober» et reproduire afin d’être vendues, car une
fois dans une institution ce n’est plus le message de l’œuvre qui compte mais
sa valeur. C’est donc cette valeur qui est remise en cause par Banksy en
faisant cette autodestruction, mais malheureusement cette dernière n’a fait
qu’accroître sa valeur, ce qui est ironique pour un artiste qui s’oppose à la
marchandisation de l’art. Banksy, est donc
un artiste innovant et provocateur qui nous interroge sur l’art, sa place (dans
la rue ou dans une salle d’enchère?), et sur son rôle (dénoncer, revendiquer
ou bien n’être qu’une simple valeur marchande?).
Par A. Poteau
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