E.Hopper, Le Phare , 1937

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vendredi 5 juin 2020

Critique de "Girl with balloon" de Banksy (2018)

Les élèves de première Histoire des Arts (spécialité) ont travaillé sur le rôle de l’écrit dans l’accès aux œuvres d’art, en particulier dans le cadre de la modernité. C’est ainsi que nous avons étudié des textes de Félix Fénéon, Jean Paulhan, Wassily Kandinsky, René Magritte et Anish Kapoor. Comme En conclusion de cette séquence, chacun a écrit une critique d’art sur une œuvre de son choix. C’est l’une d’elle que vous vous apprêtez à lire.



Critique d’art Histoires des arts: Oeuvre choisi: « Girl with Ballon, red» de Banksy, 2018

Fiche technique de l’oeuvre:
Artiste: Banksy ( véritable identité inconnue), titre de l’oeuvre: « Girl with ballon, red». la technique employé par l’artiste pour réaliser ce graffiti est le pochoir, format de la version mise aux enchères: non communiqué. Cette oeuvre datant de 2007 , elle est situé à Londres plus précisément à proximité du pont de Waterloo à South Bank. De ce graffiti Banksy en réalisa une seconde oeuvre, bien plus petit sur du papier. Cette déclinaison est mise en vente lors d’une enchère en 2018, ce sera donc sur cette oeuvre que portera ma critique.

Critique:
Contexte: Nous somme en 2018 dans la salle des enchères de l’Est Londonien.

Ce petit format dans son cadre en bois attire les regards de la foule assistant aux enchères, un peu comme une Joconde des temps moderne. Si l’artiste qui par ces pochoirs donnât vie à ce graffiti, est comme Léonard de Vinci connu de tous, ce dernier pourtant est considéré comme invisible, on ne sait à quoi il ressemble, qui il est, seul son nom est connu: banksy. Cet anonymat a rendu visible ces graffiti, a réussi à attirer l’intérêt du publique vers ces oeuvres. Revenons maintenant à cette oeuvre que l’on pourrait qualifier de Banksyste, car la démarche artistique de ce mystérieux inconnu est très militante ainsi que philosophique. Cette petite fille au profil peu émotif, représente au-delà de l’apparence physique, où pourrait s’arrêter un regard novice, l’espoir d’une enfant, d’une petite réfugiée fuyant la guerre qui fait rage en Syrie. Cette thématique est exprimée par la posture de la petite fille qui tend sa main pour rattraper un ballon rouge en forme de cœur, qui suggère l’amour. Cette fillette au visage fermé espère donc récupérer cet amour qui lui à été arraché par les atrocités de la guerre. Ces dernières sont suggérées par la couleur noir de sa robe et par les ombres sur son visage, qui lui a enlevé toute joie et sentiment. Mais l’espoir anime encore et toujours son petit corps meurtri qui tend la main vers cette couleur chaude qu’est ce ballon en forme de cœur. Elle espère récupérer cette émotion qui s’envole et qui la quitte. L’artiste désire dénoncer à sa façon les atrocités de cette guerre, cependant est-ce que ce message dans cette salle où ont lieu les enchères, est parvenu à l’ensemble du public qui est comme absorbé par celle ci ? Je ne le crois pas. Ce fût sûrement ce que pensa Banksy, car, à quoi bon dénoncer, si le message n’est pas visible à l’ensemble du public, mais seulement à son heureux propriétaire ?  Banksy trouva la solution bien avant la mise en enchère. A la fin de l’enchère tandis que l’oeuvre est finalement adjugé à 1,2 millions d’euros, stupéfaction du public ! Sous leurs yeux ébahis le génie de Banksy entra en scène : la toile glissa de son cadre et fut à moitié déchiquetée par ce dernier qui abritait une déchiqueteuse placée avec soin par Banksy le provocateur. Cette action digne d’une pièce de théâtre, plongea le public dans une atmosphère d’incompréhension et de stupéfaction. Par cet acte Banksy casse les codes de l’art en auto-détruisant son œuvre, il espère marquer le public, peut-être l’interroger sur la relation de l’art avec le monde des finances. Mais au contraire, cette petite fille dont l’espoir et le corps est à présent en lambeau et qui fût vendu à 1,2 millions d’euros voit sa valeur tripler. Au grand regret de cet innovant Banksy, qui pensait faire un pied de nez au marché de l’art, ce fût le contraire. En effet une fois l’œuvre déchiquetée, la valeur de la toile, augmenta. De plus, le public s’interrogeait plus sur le processus technique que sur le message de l’œuvre, avant et après s’être fait déchiqueté . En effet suite à cette action la forme de la toile est bien plus intéressant pour le public, tandis que son message en est effacé voir remplacé par les théories concernant la raison de cette autodestruction. Personnellement cette scène à laquelle, j’ai pu assister, nous montre que ce n’est pas uniquement la forme qui compte, mais la démarche, le message que véhicule l’œuvre.
En réalité en bousculant cette enchère, Banksy affirme ces idées qui considèrent qu’une oeuvre d’art ne doit pas être une marchandise, au contraire elle doit être rendu et appartenir au public et non aux institutions telles que les salles des enchères. Banksy qui est un street-artiste adhère à cette idée car lui-même a vu ses œuvres se faire «dérober» et reproduire afin d’être vendues, car une fois dans une institution ce n’est plus le message de l’œuvre qui compte mais sa valeur. C’est donc cette valeur qui est remise en cause par Banksy en faisant cette autodestruction, mais malheureusement cette dernière n’a fait qu’accroître sa valeur, ce qui est ironique pour un artiste qui s’oppose à la marchandisation de l’art. Banksy, est donc un artiste innovant et provocateur qui nous interroge sur l’art, sa place (dans la rue ou dans une salle d’enchère?), et sur son rôle (dénoncer, revendiquer ou bien n’être qu’une simple valeur marchande?).


Par A. Poteau  






















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