E.Hopper, Le Phare , 1937

E.Hopper, Le Phare , 1937

dimanche 5 mars 2023

 Grand Prix lycéen des compositeurs

A l'issue de l'écoute et de l'analyse des œuvres de la sélection du Grand Prix Lycéens des Compositeurs, les élèves de 1ère et 2de du lycée ont élu l'œuvre de Michel Pétrossian intitulée L'ange Dardaïl.

Mais ce ne sera peut-être pas l'œuvre élue à l'échelle nationale. Nous sommes d'ailleurs invités le  jeudi 9 mars à la Maison de Radio France pour assister à la remise du prix, une rencontre avec les compositeurs et un concert.


Voici quelques paroles d'élèves au sujet des œuvres : 

Michel Petrossian   L’Ange Dardaïl

« Utilisation classique, vibrato , feutré, ponticello… Dans L’ange Daradaïl de Michel Petrossian, les différents modes de jeu nous montrent la richesse sonore du violoncelle que j’ignorais jusqu’ici. Je sens la liberté du son au fur et à mesure de la musique, je trouve que cette liberté rythmique et les modes de jeu rendent l’œuvre grâcieuse et légère. Je trouve que le son semble danser, vivre et se personnifier. J’ai l’impression d’une certaine spontanéité dans le geste du musicien car on remarque des passages doux et calmes, puis tout à coup hauts et forts, des sortes de contrastes assez surprenants et irréguliers. J’ai trouvé particulièrement intéressantes les différentes inspirations musicales de l’auteur. On retrouve des passages se référant à la musique occidentale, moments harmonieux et en bariolage, ainsi que des passages se référant à la musique orientale avec des moments tortueux, onduleux, mélodiques… J’aime cette fusion qui témoigne, comme l’a dit Michel Pétrossian, d’une sorte de subtilité entre les influences, des modes sonores qui finissent par se rejoindre. »  (Anjalie)

« Jai bien aimé cette œuvre qui est plus douce et agréable à écouter. Le violoncelle est très beau et les nuances très expressives » ((Jahély)

« J’ai trouvé cette œuvre calme et apaisante. Le violoncelliste avait l’air emporté dans ce morceau » (Emeline)

« Je trouve cette musique très mélancolique, mais parfois au contraire agitée. Elle est plus mélodique que les autres. J’ai l’impression qu’à certains moments, le violoncelle pleure et qu’à d’autres il est furieux ». (Vincent)

« Un paysage paisible, une dune de sable ou bien une prairie calme et heureuse, jusqu’à ce qu’un prédateur arrive, s’impose, lui et sa chaîne alimentaire, plongeant les animaux dans la peur et la tristesse, sans pouvoir rien faire… » (Romane)

« Sonorités douces au début, rappelant l’Orient. L’œuvre assez mélodieuse est parfois troublée par des dissonances et des bruits de grattements. »

« L’alternance entre un sentiment de mélancolie et une pointe d’énervement (accélérations, notes plus graves) m’a fait penser à une dualité, celle d’une personne lunatique en proie à ces deux émotions » (Télya)


Bernard Cavanna Scordatura


« Un début harmonieux qui se dissipe petit à petit et ajoute un esprit contradictoire avec l’harmonie. La suite est plus marquée par le timbre, on entend beaucoup de modes de jeux variés » (Romane)

« Le violon joué très lentement au début donne un effet majestueux à la musique. Quand la cornemuse arrive, la musique accélère de plus en plus ce qui donne un caractère presque violent, de même pour les modes de jeu. C’est, à certains moments, presque assourdissant » (Anjalie)

« Au début, cette œuvre est calme, on entend des cloches qui tintent doucement puis un violon entre, restant dans le même esprit. Mais lorsque le violon soliste fait son apparition, semblant jouer faux et accompagné par la cornemuse, tout devient différent, cela fait « mal aux oreilles » ». (Joshua)

« Au début de l’écoute, j’ai ressenti une atmosphère de mystère qui s’est transformée en emballement. Je me suis sentie un peu mal à l’aise mais pas effrayée. A la fin, la « boîte à musique » a laissé plutôt place à une atmosphère de rêverie » (Télya)

« J’avais l’impression que ça racontait toute une histoire, que c’est une musique que l’on pourrait retrouver dans un film, plus précisément dans une scène d’action » (Emeline)

« Cette musique me fait penser à un affrontement. Elle est plutôt agitée au départ puis mélancolique et nostalgique à la fin.  Je la trouve toutefois plus mélodique et harmonieuse que les autres » (Vincent) 

« Les bruits de grattements avec un écho assez doux sont interrompus par l’entrée du violon qui vient brutaliser instantanément le moment. J’aime bien la vibration apportée au violon puis les petites touches de glockenspiel » (Evan). 

« L’ambiance de boîte à musique, la lenteur sur la majorité de l’œuvre et les cloches qui m’ont fait penser à un film de Noël rendent l’œuvre chaleureuse. » (Djénéba)

« Les cloches du début nous invitent à entrer dans l’univers de cette œuvre. Le grattement peut évoquer une porte qui s’ouvre. Puis, d’un coup, la découverte de ce monde empli de sentiments et d’émotions diverses » (Lola)

« Une harmonie douce et agréable interrompue par une folie qui semble désemparer les instruments. Ils se « désaccordent et retentissent dans tous les sens. Au moment où le volume augmente et que les cloches se mettent à sonner, j’avoue que cela m’a un peu surpris, de même que le son de la cornemuse, qui n’est pas un instrument très commun.

Puis la musique se calme, s’endort… »

« Cette musique, comparée à d’autres, comporte des passages harmonieux, même si la cornemuse et les violons qui sont désaccordés et parfois stridents et grinçants créent une mélodie dérangeante à l’écoute, surprenante, comme si quelque chose n’allait pas» (les élèves de 1ère Zoé, Romane, Jahély, Anne-Lise, Océane, Adam)


Aurélien Dumont Zero Syd Barrett and Two Girls Playing Saxophone

« Zero Syd Barrett and Two girls Playing Saxophone est une œuvre musicale d’Aurélien Dumont ayant pour but de rendre hommage à Syd Barrett, ancien chanteur et guitariste du groupe Pink Floyd qui a dû quitter le groupe à cause de sa consommation excessive de LSD. Cette musique témoigne d’une grande richesse sonore, et notamment grâce l’utilisation de l’électronique.

J’ai aimé le fait que la musique soit aussi variée. En effet, on entend tout au long du morceau un assemblage de plusieurs sonorités assez atypiques qui rendent la musique vraiment unique. Cette diversité sonore est marquée par exemple par les différents effets de réverbération et de saturation, le kazoo, la sonnette de vélo, les modes de jeux, le toy piano et biens d’autres sonorités encore. On entend des moments de dissonances, de consonnances, des bruits, des voix… C’est un véritable théâtre musical, et c’est ce qui m’a agréablement surprise. En effet, ce qui m’a beaucoup plu, c’était le caractère imprévisible de la musique, elle possède un certain entrain qui la rend dynamique, on ne s’ennuie pas en l’écoutant, on veut connaitre la suite. J’ai aussi apprécié les bruits comme les bris de verre dans une poubelle, les appeaux et les voix qui prononçaient des onomatopées, je trouve que ces éléments donnent un caractère assez humoristique et enfantin, une impression de chahut.

Nous avons eu la chance en décembre de rencontrer Aurélien Dumont. Nous avons pu avoir davantage d’explications sur la création de sa musique (Pourquoi a-t-il choisi cette musique, comment l’a-t-il créée…). C’était une intervention qui a rendu cette musique encore plus intéressante, nous avons pu échanger avec le compositeur, ce qui nous a permis de mieux comprendre son œuvre et ses motivations. Il nous a, entre autres, parlé de ses sources d’inspiration, dont le rock psychédélique, un style musical que j’apprécie beaucoup. J’ai alors trouvé cela vraiment super de pouvoir parler avec quelqu’un qui s’y intéressait aussi. Sa musique nous a paru plus « vivante » et l’écouter, après l’intervention, n’a pas eu le même effet qu’avant. »  Anjalie

 « Dans la première partie, on entend le kazoo qui apporte des effets sonores assez amusants. A un moment donné, il semblerait que les deux filles ont un dialogue avec le kazoo.

On entend aussi beaucoup de bruits de verre cassé et de silences. Etant  batteur, je m’identifie plus à cette œuvre grâce à la présence de la guitare électrique, qui fait référence à l’univers du rock et donne un aspect plus rythmique à cette musique. Cette utilisation de la guitare vise à rendre hommage à Syd Barret, guitariste fondateur du groupe Pink Floyd. » (Joshua)

« Lorsqu’ Aurélien Dumont est venu nous rendre visite au lycée, il nous a parlé des groupes de rock qu’il écoutait et aimait dans sa jeunesse et le fait de comprendre sa démarche et ses sources d’inspiration a rendu pour nous cette œuvre plus vivante et plus intéressante. » (Les élèves de 1ère et 2de) 

« J’aime bien cette œuvre car, avec le kazoo, j’imagine toujours un petit bonhomme qui fait un sketche et ça me fait rire » (Jahély)

« Cette œuvre est certainement la plus étrange mais c’est aussi la plus intéressante, même si je ne l’ai pas trouvée très agréable à écouter » (Emeline).

« Je crois que c’est la musique que j’ai le plus de mal à écouter. Elle est plutôt étrange, avec beaucoup de bruitages, c’est ce qui la rend unique et qui la démarque des autres. » (Vincent)

« Je vois un dessin animé humoristique, deux femmes se faisant jouer des tours par des petits être farceurs qui essaient de les calmer avec la musique. » (Romane)

« Une multitude de sons : instruments, voix, bruits répétitifs. On entre dans une folie qui joue sur le rythme et la puissance. » (Zoé)

« Cette œuvre est une rencontre entre le rock progressif et la musique contemporaine. Les mélodies sont légères et parfois enfantines, on entend un mélange entre dialogues et bruitages ». (Ann-Lise)

« Les onomatopées et les bruits me font penser qu’on écoute une vidéo accompagnée de bruits et que la musique est celle que les personnages écoutent. Ça nous place au second plan. » (Djénéba)

« Cette musique me fait penser à une ville où toutes choses sans lien se retrouvent au même endroit et cohabitent malgré leurs différences. » (Lola)


Loïc Guénin Zvuki Nabokova

« L’œuvre est inspirée d’une nouvelle de Nobokov qui évoque une rupture amoureuse, on entend différentes vocalités : alternance entre le chant et la parole, univers de la chanson ou de l’opéra,  utilisation du souffle » (Ann-Lise)

« La voix est agréable à écouter, on entend bien la mélancolie et le chagrin, on comprend que l’homme vit mal la rupture » (Adam)

« La voix profonde du chanteur qui parle, chante et rit m’a quand-même fait percevoir une certaine tristesse, celle d’un amour malheureux »

« J’y vois un tourbillon infernal, la voix qui module et change évoque une dispute en plusieurs phases » (Romane)

« On peut distinguer les différents traitements de la voix qui rappellent des voix d’opéra, de cabaret, de théâtre… J’ai bien aimé l’ensemble car cela s’accorde bien » (Alicia)

« Par moment, les instruments jouent continuellement, ce qui rend l’ambiance oppressante, c’est dense. On a une impression de désordre. Au contraire, on entend des moments de silence assez longs qui rendent l’ambiance stressante » (Anjalie)

« Cette musique me plonge dans l’inconfort, elle est oppressante. Elle me fait penser à Mogari. » (Vincent)

« On entend aussi beaucoup de bruits » (Djénéba)


Farnaz Modarresifar Balades oniriques

« J’ai bien aimé la participation du santour. La voix, en revanche, était angoissante » (Alicia)

« Je trouve que les moments de silence créent un effet de vide. Les petites « touches » de certains instruments rendent l’atmosphère pesante. La voix de femme récite le texte presque d’une manière monotone, « sans âme », ce qui est assez angoissant. » (Anjalie)

« Dans cette œuvre, le piano est présent mais seulement par de petites interventions très marquées. La voix est intrigante, car elle apparaît comme rien ne s’était passé et elle nous raconte une histoire. » (Joshua)

« Cette musique est surprenante, avec les notes du piano jouées brutalement. Elle donne du suspense et la voix chantée me fait penser à la mort » (Vincent)

« On perçoit beaucoup de silences, des coups dramatiques qui créent une sensation de surprise, de peur. La voix et les violons renforcent encore plus cette sensation. Sommez-nous aussi dans le cauchemar de l’artiste ? » (Zoé)

« On entend beaucoup de « blancs » dans cette œuvre. L’ambiance est pesante, on perçoit des frottements et des dissonances : cela m’évoque la mort. » (Ann-Lise)

« On entend une alternance entre la musique et le silence, ce qui crée une surprise puis on s’y habitue mais le rythme change. La musique est imprévisible et on veut savoir la suite, cela crée un intérêt. »

« Baignée dans un univers de rêves, cette œuvre m’a poussée à imaginer cet univers fantaisiste et extravagant. » (Télya)


Didier Rotella Mogari


« Cette œuvre m’a angoissée du début à la fin, il y avait des moments très aigus, d’autres très graves, beaucoup de bruits, des instruments qui semblaient désaccordés qui formaient des sons difficilement compréhensibles. Cette œuvre surprend, elle ne semble pas comporter de début ni de fin » (Alicia)

« Dans l’ensemble, les émotions ressenties sont macabres, angoissantes, une sensation de malaise. Les instruments modifiés ajoutent un effet d’étrangeté » (Romane)

« J’ai l’impression d’une ambiance mystérieuse, on entend des passages très aigus puis très graves. La musique paraît désordonnée en raison des différents timbres des instruments. La résonance et l’amplification des percussions, qui donnent un effet de grondement, créent un caractère angoissant et stressant ».(Anjalie)

« Par moments, je trouve cette œuvre angoissante notamment dans les moments de longs silences ou lorsque la flûte maintient pendant plusieurs secondes une note très aigue, ou encore lorsque les timbales imitent un grondement d’orage. Mais je la trouve aussi chaotique quand les instruments jouent tous en même temps. On ne s’y retrouve pas ». (Joshua)

« Les sons aigus me mettent mal à l’aise ainsi que la dissonance. Les crescendos mettent une pression et les sons suraigus qui évoquent des ultrasons font vraiment mal aux oreilles. Je plains les gens qui écoutent cela pendant des funérailles » (Jahély)

« Je me suis imaginée une scène au suspense insoutenable. On a l’impression qu’il va se passer quelque chose de très grave tout au long de la musique » (Emeline)

« Cette musique est plutôt angoissante, difficile à écouter. Je me sens comme perdu dans une jungle… » (Vincent)

« L’ensemble des instruments me fait penser à une jungle avec beaucoup de choses inconnues » (Lola)

« Nous savons que cette œuvre s’inspire d’un rite funéraire, comme l’évoquent ses cloches, sa lenteur et  sa tristesse qui à l’air de saturer, d’exploser ». (Romane)

« Rappelant les spectacles de théâtre japonais, Mogari nous donne une sensation de malaise, comme si nous étions perdus, et observés … La musique m’évoque l’univers de Junyi Ito (mangaka) » (Zoé)

« Le tintement des cloches laisse rapidement place à une atmosphère fantastique et mystérieuse. Je me suis imaginée tomber dans un trou sans fin… Plus loin, les percussions, le saxophone et la flute agissent de concert dans un brouhaha indescriptible qui laisse place à des notes très aigues. Après avoir pris connaissance des intentions de l’artiste, qui a voulu évoquer les rites funéraires japonais, j’ai compris que, pour obtenir cet effet mystique, le compositeur a apporté des modifications aux instruments, notamment le piano sur lequel il a fixé aux cordes des pinces à linge et de la gomme adhésive afin de transformer la résonnance. Le travail des sons semble particulièrement l’intéresser et surtout les différents timbres que cela permet d’obtenir, notamment grâce à l’utilisation de l’électronique. Personnellement, ce n’est qu’au bout de plusieurs écoutes que j’ai commencé à apprécier l’œuvre et tout ce travail de recherche sur les sons.» (Télya)

 

Pour écouter les oeuvres, vous pouvez suivre le lien suivant : https://gplc.musiquecontemporaine.org/edition/2023/

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