E.Hopper, Le Phare , 1937

E.Hopper, Le Phare , 1937

lundi 12 juin 2023

Pourquoi l'art ? (6)

 Dès qu'il y a des humains, il y a de l'art. C'est ce qu'atteste l'étude des diverses cultures ou de la préhistoire. Mais cette activité, à la différence de la chasse ou de l'agriculture ne sert pas à survivre. Dès lors la question se pose de la raison d'être de cette activité aussi essentielle que dénuée de fonction pragmatique. Dans le cadre d'un cours portant sur le rôle de l'écrit dans l'accès du public à l'art, les élèves ont été invités à donner leur réponse argumentée et personnelle à cette question, en s'appuyant sur l'analyse d'une oeuvre.

      Daniel F. Gerhartz (né en1965), peintre réaliste américain. In Her Care, 101.6 x 101.6cms, peinture à l’huile. (Collection privée)

 

 

            L’Art avec un grand A est reconnu dans le monde entier comme culturel, traditionnel ou même historique. Il fait partie de nous depuis toujours, alors qu’il n’est pourtant en rien nécessaire à notre survie. Alors pourquoi l’art ? Pourquoi recréer le visible ou créer l’invisible ?

Du point de vue de Daniel Gerhartz, recréer le visible dans ses tableaux réalistes ont un vrai enjeu : celui de refléter la beauté humaine et celle de la nature comme il la voit. Ses tableaux sont peuplés de personnages, principalement féminins dans leurs quotidiens : dormant (dans Midsummer’s Night), regardant l’océan (comme She is not gone et Evensong), dansant (The audition, The Dance et Flamenco) ou dans des poses d’attente (In the Stillness, The Moment, ou bien Dawn of Hope). Son objectif est de remontrer au combien l’humain, et spécialement la femme, est beau dans la vie de tous les jours. Il se sert de contraste de clair/obscure notamment dans In Her Care pour fondre le personnage dans un beau décor naturel, agrandissant la palette de couleurs utilisés et donnant un effet d’apaisement. Ses deux grandes inspirations sont les impressionnistes Ilya Repin et Isaac Levitant dont il a repris la douceur et le trait dans ses tableaux.

Le coup de pinceau de D. Garhartz est réfléchi : celui-ci est très précis pour tout ce qui est visages et peau (ici la main) et est intentionnellement plus aléatoire, plus flou, plus lâche pour la silhouette du personnage et le décor. Cela est expliqué par une volonté de se refléter à un souvenir, qui est pour lui la meilleure source de beauté et d’espoir en ce monde. Le souvenir d’un bon moment passé avec une personne aimé sur laquelle, même si le paysage est éblouissant, nous nous concentrons. C’est un phénomène qu’il exploite et qui est reconnu pour « évoquer un sentiment d’intemporalité et d’irréalisme » (Art Renewal Center)

J’ai choisi parmi ses œuvres « In Her Care » par la puissance des couleurs et de la douceur du tableau. Le personnage est si détendu que s’en est relaxant de l’admirer, elle et le chat dont elle prend soin dans ses bras (comme dit dans le titre qui pourrait s’interpréter par « avec ses soins » ou encore « sous sa garde ») Le coucher de soleil symbolise pour moi le réconfort et l’accomplissement d’une journée, annonçant le repos et le calme de la nuit. La verdure du paysage quant à elle dénonce pour moi un calme et un éloignement de la ville idéal pour se poser et passer du bon temps.

 

Ainsi, pourquoi l’art ? A l’instar des tableaux de Daniel Gerhartz, l’art me permet de voyager dans des œuvres douces qui reflètent le monde et tout l’espoir qu’il nous apporte. J’apprécie l’art et je pratique l’art pour me déconnecter du monde et en voir sa vraie beauté, sa vraie nature et toutes les merveilles qu’il cache. L’art recrée des histoires, des souvenirs et des contes qui nous permettent de s’échapper de la réalité, de respirer et de pouvoir reprendre le cours de sa journée plus sereinement. Je voie dans le travail de Gerhartz une paix et une relation envers la vie très profonde et très chaleureuse que j’admire. Dans le monde dans lequel on vit il est difficile de ne pas se faire influencer par le cours du temps, les exigences de l’art contemporain ou des préoccupations actuelles, ainsi les artistes actuels tel Gerhartz ou encore Kay Boyce arrivent à échappera tout ça et se maintenir dans leurs valeurs : nous montrant ce qu’ils veulent réellement nous montrer.

 

Par R.V.


 

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