Les élèves ont travaillé sur le sujet de réflexion suivant :
Notre regard nous permet
d'accéder au tangible (la table que je vois et que je peux toucher) et à l'utile
(ce qui me permet de poser des objets dessus), mais aussi au lointain (les
étoiles) et à l’irréel (les rêves). Sans cette capacité il n’y aurait tout
simplement ni art ni création.
L’art, sa création comme
sa contemplation, est une aventure du regard.
Pour cette semaine, je vous
propose de regarder les œuvres suivantes qui offrent de telles aventures :
et de m’envoyer ensuite
une œuvre que vous connaissez et qui provoque le même effet sur vous en
écrivant quelques lignes pour justifier votre choix.
Voici la réponse d' U. Roncière :
J’ai
d’abord pensé à parler d’une peinture ou d’une photographie du regretté
Zdzislaw Beksinski, mais je n’ai pas pu porter mon choix sur une ou l’autre de
ses créations, qui sont très nombreuses. Voici un lien vers un « musée virtuel »
permettant de parcourir une grande partie de son œuvre : http://www.dmochowskigallery.net/ ;
et un autre vers une vidéo de présentation de la chaîne Alt 236 : https://www.youtube.com/watch?v=3vaq3Y_cnfQ.
Mais finalement je voudrais plutôt
évoquer La Montagne sacrée, un film américano-mexicain adapté du roman Le
Mont Analogue de René Daumal et réalisé par le franco-chilien Alejandro
Jodorowsky. Jodorowsky est né au Chili en 1929, mais il quitte le pays en 1953
pour se rendre à Paris afin de rencontrer les surréalistes, comme il le raconte
dans son film plus ou moins autobiographique Poesia sin fin. Il est vite
très actif artistiquement, fréquentant Roland Topor et le mime Marceau tout en
pratiquant la performance et les arts de la scène, en s’essayant à la bande
dessinée et en s’intéressant à l’alchimie, au tarot divinatoire et à la
psychanalyse. En 1965, il fonde au Mexique le théâtre d’avant-garde de Mexico,
où il réalise trois longs-métrages. La Montagne sacrée, en 1973, est le
dernier de ces films. L’histoire est
celle du périple des personnes « les plus puissantes de la Terre »
qui voyagent en compagnie d’une sorte de nouveau Christ et d’un chimpanzé,
menés par un vieil alchimiste joué par Jodorowsky lui-même, afin de monter au
sommet de la Montagne sacrée et d’y découvrir le secret de l’immortalité. En
réalité, ce qui importe n’est pas tant le scénario que l’expérience visuelle
qui est proposée, psychédélique, hallucinée et fourmillante de détails
imaginatifs, souvent absurdes (le chameau dans l’antre de l’alchimiste) et
parfois cruels (le chef de la police qui collectionne les testicules de ses
employés). Le spectateur passe d’image en image, toutes plus étranges,
déroutantes et construites les unes que les autres. L’engagement politique
n’est toutefois pas absent, avec notamment une dénonciation voilée de
l’impérialisme américain ou une reconstitution sanglante de l’invasion du
Mexique par les conquistadors, les Aztèques étant ici incarnés par des
grenouilles et les espagnols par des lézards. La symbolique chrétienne est
aussi beaucoup utilisée et souvent mise à mal, comme lors de la scène de la
procession de pénitents portant des lapins écorchés et crucifiés. Ce film est
donc une expérience visuelle marquante, en plus d’être caractéristique des
années 1970 et de l’état d’esprit libertaire de la contre-culture de cette
époque.
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