E.Hopper, Le Phare , 1937

E.Hopper, Le Phare , 1937

lundi 29 juin 2020

Autodescrition d'une oeuvre : La persistance de la mémoire par Salvador Dali



Salvador Dali, La persistance de la mémoire, 1931.


Je suis le Temps. Je ne suis ni le tien, ni celui de qui que ce soit. Je suis mien.

Et je coule, coule, coule. Sans m’arrêter, je passe.

Je suis ta peur, la plus grande de tes peurs. Je suis ce que tu ne contrôleras jamais. Je suis celui qui t’échappes, celui que tu ne peux posséder. Je te rappelles que tu n’es pas tout puissant. Je te montre tes failles, tes faiblesses.

Tu te souviens. Ta mémoire, sans moi elle ne serait rien. Tu ne serais rien. Rien ne serait sans moi. Je suis, à moi-même, la vie et la mort. Je t’offre cette existence et puis j’en détermine la durée avant de te conduire à ta fin. Je suis tout, du commencement au final je suis là. Je suis au plus profond de chacun. On ne me voit pas, on ne me sent pas. Je suis insaisissable, seules les traces de mon passage sont visibles. Et ça te fait peur, peur de devoir vivre dans l’inconnu, peur de ne pas tout contrôler.

Tu m’as délimité, encadré dans tes horloges et tes montres pour avoir l’impression de garder une part de maîtrise sur moi. Mais c’est tout le contraire. Tu deviens fou à vouloir diriger ce qui ne se dirige pas.

Regarde ces montres qui coulent. Elles sont molles, molles comme moi. Je me laisse aller suivant mes envies. Les cadrants se déforment. Je ne suis pas une simple quantité que l’on peut compter. Je suis ce qui te rappelle qui tu es.

Toi, oui toi. L’homme. Tu as inventé tout ce dont tu avais besoin. Tu as tout maîtrisé jusqu’à oublier que tu es vivant jusqu’à ta mort. Tu as oublié l’inévitable.

Tu as peur de mon passage, celui du Temps qui te rappelles que petit à petit c’est la mort qui se rapproche de toi.
Selon moi, si le temps avait une image ça serait celle-ci, accompagnée de ce message du Temps à l’Homme.
Par L. Matringe





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