Salvador Dali, La persistance de la mémoire, 1931. |
Je suis le Temps. Je ne suis
ni le tien, ni celui de qui que ce soit. Je suis mien.
Et je coule, coule, coule.
Sans m’arrêter, je passe.
Je suis ta peur, la plus
grande de tes peurs. Je suis ce que tu ne contrôleras jamais. Je suis celui qui
t’échappes, celui que tu ne peux posséder. Je te rappelles que tu n’es pas tout
puissant. Je te montre tes failles, tes faiblesses.
Tu te souviens. Ta mémoire,
sans moi elle ne serait rien. Tu ne serais rien. Rien ne serait sans moi. Je
suis, à moi-même, la vie et la mort. Je t’offre cette existence et puis j’en
détermine la durée avant de te conduire à ta fin. Je suis tout, du commencement
au final je suis là. Je suis au plus profond de chacun. On ne me voit pas, on
ne me sent pas. Je suis insaisissable, seules les traces de mon passage sont
visibles. Et ça te fait peur, peur de devoir vivre dans l’inconnu, peur de ne
pas tout contrôler.
Tu m’as délimité, encadré
dans tes horloges et tes montres pour avoir l’impression de garder une part de
maîtrise sur moi. Mais c’est tout le contraire. Tu deviens fou à vouloir
diriger ce qui ne se dirige pas.
Regarde ces montres qui
coulent. Elles sont molles, molles comme moi. Je me laisse aller suivant mes
envies. Les cadrants se déforment. Je ne suis pas une simple quantité que l’on
peut compter. Je suis ce qui te rappelle qui tu es.
Toi, oui toi. L’homme. Tu as
inventé tout ce dont tu avais besoin. Tu as tout maîtrisé jusqu’à oublier que
tu es vivant jusqu’à ta mort. Tu as oublié l’inévitable.
Tu
as peur de mon passage, celui du Temps qui te rappelles que petit à petit c’est
la mort qui se rapproche de toi.
Selon moi, si le temps avait
une image ça serait celle-ci, accompagnée de ce message du Temps à l’Homme.
Par L. Matringe
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